3 Feb 2021 | Column

Mieux que le meilleur perfectionniste
Opgelet: dit artikel werd gepubliceerd op 03/02/2021 en kan daardoor verouderde informatie bevatten.

Parmi les facteurs qui ont contribué à mon burn-out, il y a quelques années, il y avait un degré de perfectionnisme incommodant. J’écris « incommodant » à dessein, car un certain niveau de perfectionnisme est très utile dans les professions juridiques. Les conseils, contrats, conclusions ou jugements bâclés ne produisent pas de bons résultats.

Les perfectionnistes ne liront souvent pas plus loin que le titre de cet article ou, sinon, que la phrase suivante. C’est là, je leur rappelle qu’un véritable perfectionniste s’oblige à tout résoudre tout seul et par lui-même. Certains perfectionnistes estimant que l’étude et la lecture peuvent les y aider, quelques-uns ont probablement continué de lire jusqu’ici. Ce n’est qu’en ayant appris par mes lectures que les perfectionnistes n’acceptent aucune aide (« en effet, qui d’autre que moi pourrait suffisamment bien comprendre ma situation ? ») que j’ai admis que j’étais un perfectionniste et que j’avais besoin d’aide.

Au fil du temps, j’avais accumulé toute une série de caractéristiques typiques des perfectionnistes et qui font beaucoup plus de mal que de bien. Je voulais absolument tout maîtriser. Je m’opposais donc aussi à tout changement de mes habitudes ou mes systèmes. En effet, tout était parfaitement au point et le moindre changement provoquait des efforts inutiles pour que tout redevienne « parfait ». « Mais cela fonctionnait parfaitement ! Maintenant que tu l’as changé, je dois tout recommencer ! » Quelle perte de temps et d’énergie, je me disais. Alors que c’est le perfectionnisme lui-même qui m’a fait perdre tant d’énergie et de temps.

La poursuite d’un résultat absolument parfait met le cerveau inconscient sous une telle pression que l’impression de manquer de temps devient permanente. En effet, le temps manque toujours à celui qui veut tout finaliser à la perfection. Il est évident que cela contribue énormément au stress. Souvent, le perfectionniste ne prend même pas la peine de commencer, puisque qu’il « n’y arrivera de toute façon pas (parfaitement) ».

Pour un juriste, le perfectionnisme n’a même pas besoin d’être extrême pour peser désavantageusement sur le travail. Les avocats, juristes d’entreprise, magistrats, notaires… vérifient constamment leur propre travail et celui des autres. Ce triple contrôle fait partie de leur quotidien et leur cerveau inconscient continue joyeusement « après les heures ». Nous avons intérêt à vérifier trois fois nos conseils pour que tout soit en ordre, mais inutile de se tracasser pour verrouiller la voiture : un seul clic suffit. Et pour éteindre la lumière, il suffit d’appuyer une seule fois sur l’interrupteur. Pourtant, depuis plusieurs décennies, les juristes souffrent exceptionnellement souvent de troubles obsessionnels compulsifs, ainsi que de nombreux autres troubles psychologiques et physiologiques causées par la profession juridique (Patrick J. Schiltz, On being a happy, healthy and ethical member of an unhappy, unhealthy, and unethical profession, 52 Vanderbilt Law Review (871) 876 (1999)).

Les perfectionnistes « s’obligent » à beaucoup de choses et en attendent, bien entendu, autant de leur entourage. Je ne me mettais donc pas seulement sous pression moi-même, je mettais aussi la pression sur mon entourage. Je suis resté très occupé et je n’ai jamais été paralysé par la peur de l’échec, qui caractérise de nombreux perfectionnistes. Plutôt rien qu’un résultat imparfait.

Pour moi et pour à peu près tous les participants à la formation que j’ai suivie après mon burn-out, la cause du perfectionnisme incommodant se situait dans le cerveau inconscient. Dès les premières années de notre vie, la conviction s’est installée de devoir exceller, de toujours vouloir la perfection. Cela peut provenir des applaudissements justifiés après un bon bulletin ou des encouragements bien intentionnés de la part des parents. Ce processus est lié au jeune âge, le cerveau conscient n’étant pas encore suffisamment développé pour mettre en perspective et modérer les choses. Une fois cette conviction incommodante installée dans le cerveau inconscient, elle ne peut plus être éliminée que via ce même cerveau inconscient. Le cerveau inconscient représente 95 % de notre activité cérébrale, contre 5 % pour le cerveau conscient. Un combat « gagné » d’avance.

La plupart des perfectionnistes savent, dans leur cerveau conscient, qu’ils ont le droit de faire des erreurs, qu’ils pourront les corriger plus tard ou qu’une personne chargée de contrôler leur travail les découvrira… et qu’ils ne perdront pas leur travail ou leur client pour autant, même si l’erreur n’est pas supprimée. En effet, grâce à leur comportement les perfectionnistes ont pu accumuler pas mal de crédit. Mais le cerveau inconscient ne suit pas ce raisonnement du cerveau conscient. Il continue d’agir à partir de la conviction intime que tout doit être parfait. Cela crée un conflit entre le savoir que la perfection totale est impossible et le sentiment qu’elle doit néanmoins être réalisée. Le stress qui en résulte est énorme et vous empêche de travailler tranquillement (ce qui serait préférable pour obtenir un beau résultat).

Ainsi, le perfectionniste peut examiner son agenda et constater que la semaine est équilibrée, tout en étant en même temps opprimé par la sensation imperceptible de manque de temps. C’est parce que le cerveau inconscient continue de penser que tout doit être parfait, auquel cas le temps manque toujours.

Puisque la cause se situe dans le cerveau inconscient, c’est aussi là que se trouve la solution. Les conclusions récentes de certains psychologues et neurologues nous ont en effet appris que le meilleur moyen d’atteindre la maîtrise de soi passe par le pouvoir du cerveau inconscient (p. ex. Prof. John Bargh (Yale University), Before You Know It: The unconscious reasons we do what we do, 2017, Touchstone Publishing, 343 pages).

En apprenant à accéder à votre cerveau inconscient, vous pouvez transformer la conviction que tout doit être parfait en conviction que vous vous débrouillez bien et que cela suffit.

Et cela ne vous fera pas sombrer dans la nonchalance pour autant ! Votre cerveau conscient continuera de poursuivre des résultats excellents. Seulement, il ne sera plus incommodé par l’ambition idiote du cerveau inconscient qui estime que tout doit être parfait à 200 % avant d’être « terminé ».

Une fois arrivé à ce stade, vous verrez disparaître beaucoup de stress inutile. La joie de vivre augmente, pour vous et votre entourage. Et vous serez franchement meilleur que le meilleur perfectionniste.

Plus d’informations via ce lien.

Jeff Keustermans

(Version néerlandaise)

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