De rechter die alleen staat? Dat klopt niet. Interview met Camille Reyntens, magistraat bij de arbeidsrechtbank cover

8 Sep 2025 | Civil Law & Litigation

L’image du juge solitaire, ce n’est vraiment pas ça. Interview avec Camille Reyntens, magistrate au tribunal du travail

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​Magistrate au tribunal du travail, Camille incarne une justice exigeante, profondément humaine et équilibrée. Loin des clichés, elle décrit un métier collectif, intellectuellement stimulant, mais aussi compatible avec une vie personnelle riche. Son parcours est celui d’une femme engagée, qui a su trouver sa place au cœur du système judiciaire. « Le droit m’aide à comprendre le monde. »

Un parcours pas tout tracé

Camille hésitait entre médecine, psychologie, histoire de l’art… Mais une chose était claire : elle voulait s’engager dans la société. Le droit s’est imposé presque naturellement. « Mon grand frère faisait déjà du droit, ce n’était donc pas un univers totalement inconnu. » Rapidement, une vocation se précise : elle veut devenir magistrate. Et pas n’importe laquelle : juge de la jeunesse[IB1] . « Ce qui m’attirait, c’était l’idée d’être acteur de la société, d’adopter une position équilibrée, ni du côté de la défense, ni de l’accusation, mais au centre. »

« Ce qui m’attirait, c’était l’idée de contribuer à améliorer la société, de prendre une position équilibrée, ni du côté de la défense, ni de l’accusation, mais au centre. »

Au fil de ses études, elle découvre avec intérêt le droit du travail : une matière ancrée dans le réel, à la croisée de l’humain et de l’analyse juridique. « Pour la première fois, je me suis rendu compte que j'appréciais étudier. Je comprenais mieux le monde qui m’entourait à travers les règles qui l’organisent. C’est aussi ça, le droit. »

Du barreau à la magistrature

Consciente qu’il lui fallait d’abord acquérir de l’expérience et gagner en maturité, Camille commence le barreau et débute sa carrière comme avocate dans un grand cabinet spécialisé en droit social où elle travaillera durant dix ans. « Ce que j’aimais vraiment, c’était le contenu juridique, l’analyse, la recherche de solutions. » Elle y traite des dossiers très concrets et techniques : licenciements, politiques en ressources humaines, pensions complémentaires… Mais l’aspect entrepreneurial l’intéresse moins, et elle ne se projette pas comme associée.

Après un détour par les ressources humaines dans une société de retail, l’idée de passer l’examen de la magistrature lui revient. « Ce fut une expérience enrichissante, très différente, qui m’a permis de découvrir une autre facette du monde du travail et de la réalité humaine qui se cache derrière les décisions RH. Annoncer un licenciement en face est très différent que de le gérer depuis un bureau d’avocat. Mais le droit me manquait. »

Une magistrate bien entourée

L’image du magistrat inaccessible, enfermé dans son bureau, austère et distant, ne colle pas du tout à la réalité que vit Camille. « Le juge solitaire ? Je trouve que ce n’est vraiment pas ça. J’espère que ce n’est pas comme ça qu’on nous perçoit. »

Pour elle, le cœur du métier est résolument collectif. « On n’est pas seuls dans notre coin. On échange constamment entre collègues. »

« Le juge solitaire ? Je trouve que ce n’est vraiment pas ça. J’espère que ce n’est pas comme ça qu’on nous voit. »

Ces échanges sont essentiels. « Ils permettent de nourrir la réflexion, de croiser les points de vue et d’éviter de tourner en rond. J’ai des amis qui étaient collègues dans mon cabinet d’avocat, et qui sont aujourd’hui mes collègues magistrats. Certains sont même devenus des amis plus récemment. » Le travail crée des liens durables, qui dépassent souvent le cadre purement professionnel.

Aux audiences aussi, cet esprit collectif prend tout son sens : « On délibère à trois juges. Je siège avec deux juges sociaux, l’un issu du monde patronal, l’autre du monde syndical. Chacun a une voix égale, et cela permet une prise de décision ancrée dans les réalités du monde du travail. C’est un vrai travail d’équipe. » Ce fonctionnement collégial renforce les décisions rendues, en leur apportant plus de justesse, plus d’équilibre. « Rendre une décision, ce n’est pas simple. Il faut être précis, cohérent, ancré dans le droit… tout en gardant à l’esprit que derrière chaque dossier, il y a des vies. Être juge, ce n’est pas seulement décider, c’est d’abord comprendre. »

« Ce que j’aime, c’est que nous mettons fin à un litige. Les gens sont en conflit pendant un certain temps, et à un moment donné, il faut quelqu’un pour dire : c’est fini. Et ça, c’est très important. »

Dans un domaine comme le droit social, impossible de se reposer sur ses acquis. « Le droit évolue constamment. Il faut continuellement se tenir à jour. Entre les nouvelles lois, la jurisprudence, les réformes… il faut rester alerte, curieux, informé. C’est passionnant, mais ça demande une vraie rigueur. Ce que j’aime, c’est que nous mettons fin à un litige. Les gens sont en conflit pendant un certain temps, et à un moment donné, il faut quelqu’un pour dire : c’est fini. Et ça, c’est très important. »

Un métier qui s’organise

Comme beaucoup de métiers à responsabilité, celui de magistrat demande de l’engagement et beaucoup d’énergie. Le rythme est dense et le temps est compté, mais Camille tient à préserver un certain équilibre. « On organise notre travail comme on l’entend. »

« C’est un métier super enrichissant, mais nous serions de mauvais magistrats si nous n’avions pas de vie privée à côté. »

Cette autonomie, elle la considère comme précieuse. Alors, elle s’accorde des respirations. Ce qu’elle aime : passer du temps avec ses amis, faire un peu de tennis, ou tout simplement partir en vacances. Ces moments lui permettent de décrocher et de retrouver de l’énergie, mais ils sont aussi propices à la réflexion.

Le télétravail et la flexibilité dans l’organisation du temps de rédaction sont aussi des atouts. Gérer son agenda, poser ses limites, s’autoriser du temps pour soi : « c’est faisable, affirme-t-elle. Et c’est même nécessaire, pour tenir dans la durée, sans perdre de vue ce qui compte. C’est un métier super enrichissant, mais nous serions de mauvais magistrats si nous n’avions pas de vie privée à côté. »

« On n'a jamais eu autant besoin de magistrats. »

Il est vrai que la magistrature est actuellement un peu malmenée, reconnaît Camille. Mais, malgré les difficultés récentes dans la profession, elle ne se voit pas ailleurs : « l'État de droit et la démocratie, ça passe par un pouvoir judiciaire fort, avec des magistrats compétents, expérimentés et volontaires. Je ne me vois pas autre part, parce que je pense que c’est extrêmement important, justement, de continuer à se battre pour ça. »

D’un point de vue personnel, Camille a le sentiment d’avoir réellement trouvé sa place comme magistrate : « Je suis très heureuse là où je suis, et comme je suis. Je pense que l’on continue à évoluer grâce aux matières que l’on traite. »

« Je pense que l’on continue à évoluer grâce aux matières que l’on traite. »

Un conseil à un jeune tenté par la magistrature ? « Oser se lancer. Ne pas avoir peur de l'examen et, le cas échéant, le tenter plusieurs fois. Nous sommes nombreux à l’avoir réussi ! »

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