Les entreprises diversifiées prestent mieux financièrement et innovent plus que les autres.

Olympe de Gouges voit le jour le 7 mai 1748 à Montauban. En 1791, durant la Révolution française, elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, calquée sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, proposant un traitement politico-légal des femmes identique à celui des hommes, avant d’être décapitée pour avoir soutenu un régime monarchique constitutionnel.

Dans le monde du travail, l'homme blanc jouit de plus d’égalité que la femme, tolérée «si elle y participe avec modestie» mais toujours aux conditions définies par l'homme depuis des siècles.

Si la Révolution française et sa Déclaration de 1789 marquent l’aube d'une grande époque entérinant l'égalité en droits, de Gouges montre que celle-ci concerne surtout les hommes. D’autres textes viendront ensuite ratifier cette égalité, faisant de la discrimination une interdiction de principe: la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948 et la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne en 2002. Si ces textes s'appliquent tant aux femmes qu’aux hommes, il faut cependant les nuancer, car dans le monde du travail, l'homme blanc jouit de plus d’égalité que la femme, tolérée «si elle y participe avec modestie» mais toujours aux conditions définies par l'homme depuis des siècles.

Attirer les meilleurs talents

Le droit à un traitement égal est une condition sine qua non de la diversité et de l’inclusion, qui attirent de meilleurs talents et une pluralité des visions.

La diversité crée la créativité qui est une condition pour toute innovation. Sans inclusion, diversité, et donc créativité et innovation, une entreprise sera dépassée par celles qui saisiront cette opportunité.

D'après plusieurs grands bureaux de consultance et universités comme Harvard, les entreprises diversifiées prestent mieux financièrement et innovent plus que les autres. Ceci est logique: la diversité crée la créativité qui est une condition pour toute innovation. Sans inclusion, diversité, et donc créativité et innovation, une entreprise sera dépassée par celles qui saisiront cette opportunité et finira par disparaître, faute d’avoir développé et promu de nouveaux produits et services.

La diversité crée la créativité qui est une condition pour toute innovation. Sans inclusion, diversité, et donc créativité et innovation, une entreprise sera dépassée par celles qui saisiront cette opportunité.

La diversité contribue donc évidemment à l'intérêt social. Selon certains, elle ne serait pas la cause, mais le produit d'une gestion non discriminatoire. Une entreprise «fermée» n’attire pas les talents diversifiés du marché du travail actuel et peine à engager les forces nécessaires à son développement, car les femmes et les personnes d'autres origines privilégient les sociétés où elles retrouvent leurs semblables.

Les preuves scientifiques manquent pour confirmer les meilleures prestations d’entreprises mixtes et justifier ainsi l'obligation de mixité aux conseils d'administration et postes de cadre, mais le mélange de genres, d’âges, d’éducation, d’origines et de cultures produit assurément des idées plus variées et novatrices que celles d’un groupe d’hommes blancs de 40 à 50 ans issus de la même école.

La présence de "role models" est essentielle à la réussite de la diversité. Lorsque des femmes occupent de hautes fonctions dans une entreprise, d’autres concluent qu'elles peuvent y faire carrière, elles aussi. En les encourageant à grimper les échelons, une entreprise s’oppose au préjugé inconscient qui les cantonne au foyer.

Rationaliser la procédure d'engagement et de promotion

Pour combattre le redoutable plafond de verre, il faut rationaliser la procédure d'engagement et de promotion pour que les responsables soient conscients de leurs préjugés et des obstacles rencontrés par les femmes, et forcer l'égalité en plaçant assez de femmes à des postes clés.

L'intérêt social d'une société est défini comme l'intérêt de tous les actionnaires actuels et futurs dans le but lucratif qu'ils poursuivent. Le cas échéant, il est complété dans les statuts par un intérêt désintéressé. Pour assurer le bon fonctionnement de la société, les organes de gestion et le conseil d'administration doivent également tenir compte des intérêts des employés et des créanciers.

Dans la même logique, ils doivent assurer la diversité et l’inclusion à tous les niveaux afin que chacun s'y sente bienvenu, y trouve des collègues auxquels il peut s'identifier, sans quoi les meilleurs candidats postuleront ailleurs. Si les actionnaires peuvent demander aux administrateurs de tenir compte des intérêts des employés, créanciers et fournisseurs, ceux-ci peuvent aussi demander des mesures de diversité pour améliorer la créativité et l'innovation dans l'entreprise. À défaut, ils pourraient engager leur responsabilité d'administrateur.

Dirk Van Gerven, Managing partner NautaDutilh

Cet article a été publié précédemment dans L’Echo.

Dirk Van Gerven a écrit un livre sur se sujet: Alle mensen zijn gelijk, ook vrouwen – Over gendergelijkheid in de professionele loopbaan, KnopsPublishing, 2016, 140 p.