3 Oct 2019 | Général, Nouveauté

L’ère de la communication lente est terminée
Opgelet: dit artikel werd gepubliceerd op 03/10/2019 en kan daardoor verouderde informatie bevatten.

Lors des prestations de serment de 62 avocats-stagiaires dans la Cour d’Appel de Liège, le bâtonnier du Barreau de Liège, Me Bernard Ceulemans, a parlé de la transformation numérique de la profession d’avocat et de l’écosystème judiciaire. Vous pouvez lire son discours complet ici.

A une époque où l’on entend décliner à tout va, le mot empathie comme valeur première, j’ose la dissonance. Vous allez écouter votre client, le comprendre, échanger avec lui, mais jamais il ne sera le maître de votre conscience. Je dis, ses passions ne sont pas les vôtres. Ne faites jamais passer ses exigences personnelles avant le respect de nos principes et de nos valeurs à nous les avocats. Libre est l’avocat et vous le serez encore plus si vous usez de cette liberté pour convaincre et non pour provoquer.

Vous plaiderez devant un juge. La magistrature est un partenaire de la justice. Alors de grâce ne plaidez pas le dos au juge à l’intention de la salle ou des médias. Vous vous apercevrez vite que vous évoluez dans un rapport à trois : votre client, le juge et vous, l’avocat. On a pu dire qu’il n’y a de bons juges sans de bons avocats, la formule a du vrai. Comme avocat, je pense qu’on pourrait l’inverser aussi. J’ajoute un quatrième membre à la trilogie : c’est le greffier et le personnel du greffe. Ne négligez pas leur rôle ! Vous apprendrez vite dans votre pratique quotidienne l’aide précieuse qu’ils peuvent vous apporter.

Courage et humilité

Elle est passionnante cette profession ! Mais elle sera parfois angoissante par les responsabilités qui seront les vôtres. Vous allez découvrir qu’il vous faudra répondre à deux exigences : courage et humilité. Votre cabinet n’est pas un lieu de repos et de retraite. Elle est terminée l’ère de la communication lente, écrite par la voie du papier. Aujourd’hui, c’est devant les écrans par la voie du courriel que nous travaillons et que nous échangeons.

En 2019, la communication est moins papivore et chronophage mais tellement plus « speedée », le terme étant entré dans le dictionnaire. Vous allez découvrir les bienfaits de la DPA ; ce sigle ne signifie pas, comme en gynécologie, date prévue d’accouchement. Il s’agit de la « Digital Platform for attorneys. » En réalité, c’est un acronyme « maison » pour désigner la plateforme numérique créée pour les avocats : elle permet aux avocats de déposer électroniquement auprès des greffes des juridictions du pays, leurs conclusions et/ou dossiers de pièces. Vous réaliserez vite que j’attache une grande importance à cette avancée technologique.

Mais mon ambition pour vous est plus grande car je vous invite à procéder ensemble à la transformation numérique de la profession d’avocat et de l’écosystème judiciaire. Avec les deux Ordres communautaires, Avocats.be (Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique) et l’O.V.B. (Orde van Vlaamse Balies), la DPA compte sur votre contribution, vous les « natifs du numérique », pour donner un coup d’accélérateur à la transformation digitale. Vous vous rendrez encore mieux compte que la plupart de vos ainés, des vertus des nouvelles technologies qui peuvent contribuer à une amélioration de nos services aux clients.

Imagination et rigueur

Le métier d’avocat est un art nourri d’imagination et de rigueur. Vous allez conseiller, défendre quotidiennement des clients de tous bords, de toutes nationalités avec une plus grande accessibilité et une plus grande transparence vis-à-vis de ceux-ci. Les outils informatiques vous le permettent déjà notamment par la possibilité pour le client de consulter son dossier en ligne. Les “robots” peuvent remplacer les codes, devenir les exécutants des tâches routinières à faible valeur ajoutée mais la robotique doit rester au service de l’avocat et non l’inverse. Le passage au numérique est un projet de transformation de notre environnement professionnel d’envergure auquel le barreau a adhéré sans réserve ou presque. Je profite d’ailleurs des nouveaux moyens de communication pour vous faire parvenir, lorsque vous quitterez cette salle, le texte de mon intervention d’aujourd’hui.

J’ai prononcé il y a quelques instants le mot humilité. L’avocat modeste est une espèce rare. Les deux termes se contredisent. C’est un oxymore. Il m’est arrivé d’entendre un confrère dire d’un autre « il est tellement modeste », et ajouter aussitôt « si justement modeste ». Dignité, loyauté, indépendance, probité, humilité restent nos maîtres mots ; c’est une justice sociale et juste que vous devrez apprendre à défendre avec les autres acteurs du monde judiciaire. Rassurez-vous : personne n’a jamais commencé au sommet.

Soyez capable de prendre soin de vous et de vos proches. C’est aussi cela l’humilité. La profession expose souvent aux tensions de ceux que l’on conseille et défend. La charge de travail est considérable. Les avocats travaillent plus de 50 heures par semaine.  Le burn-out se retrouve chez les avocats indépendamment de leur âge, leur expérience professionnelle, leur sexe, leur origine ou leur milieu social. Ce n’est pas pour rien qu’une commission a été créée au sein des barreaux francophones et germanophone, dans laquelle des avocats viennent en aide à leurs confrères.

Intelligence artificielle

Mais quelle chance d’entrer dans la profession d’avocat à un moment où tout est possible ! Je pense que cette profession reste un des plus beaux métiers du monde et l’avenir n’est pas aussi gris que l’on veut bien le dire pour autant que l’on admette que le monde moderne évolue sans cesse et qu’il faut accepter de s’y adapter en permanence. N’est-ce pas une manière de rester jeune d’esprit perpétuellement ?

L’intelligence artificielle va en effet opérer une transformation profonde des marchés et de celui du droit. Notre profession n’échappera pas à ce phénomène général qui nécessite de repenser en profondeur l’offre de nos services. La clientèle a aussi évolué. Elle se présente davantage sous la forme d’un consommateur-acteur informé, participant dorénavant activement à l’exercice de ses droits, et ayant la possibilité via les réseaux sociaux et internet d’accéder plus facilement aux différents services juridiques quelle qu’en soit la qualité.

Vous allez « surfer la vie » et le terme n’est évidemment pas choisi au hasard. Il vous faudra innover, trouver de nouvelles solutions pour défendre des causes justes qui restent l’apanage de l’avocat. Il vous faudra ne pas avoir peur de changer de casquette pour recourir aux modes alternatifs de règlement de conflits tout en restant fidèles à nos règles déontologiques qui constituent la morale d’une profession et garantissent strictement le respect de l’éthique.

Les avocats ne sont pas prêts de disparaître car on aura toujours besoin de métiers qui requièrent de l’intuition et du jugement, ce qu’aucune machine ne peut apporter.

C’était un résumé du discours du bâtonnier du Barreau de Liège, Me Ceulemans, aux jeunes avocats-stagiaires qui ont prêté serment à Liège.. Vous pouvez lire son discours complet ici.

Ou vous pouvez regarder le vidéo ci-dessous.

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