Le legal design, c’est appliquer la méthode du design thinking dans le monde juridique. Avec 5 étapes concrètes, vous rendez votre communication juridique, vos services et vos produits juridiques corrects, conviviaux et faciles à utiliser. Un processus réussi commence toujours par une empathie pour l’utilisateur final, suivie d’une définition, d’une conception, d’une création et d’un test. Nous examinons ces étapes plus en détail.
Le legal design est une discipline naissante, mais à part entière dans le secteur juridique. Et c’est une bonne chose, car le droit n’est-il pas là pour les gens ? Alors pourquoi la convivialité des conditions générales, des contrats, des règlements, des conseils et des autres documents juridiques est-elle si rare ? Le Legal Design permet de rendre les informations juridiques complexes accessibles et compréhensibles aux personnes à qui elles sont destinées : les citoyens.
Le droit n’est-il pas là pour les gens ? Alors pourquoi la convivialité des conditions générales, des contrats, des règlements, des conseils et des autres documents juridiques est-elle si rare ?
Chaque juriste devrait donc être au moins un peu un legal designer. C’est pourquoi nous vous présentons aujourd’hui les fondements théoriques du processus de legal design. Dans les semaines qui suivent, nous traduirons ces fondements dans la réalité juridique de tous les jours.
Si vous appliquez le “legal design thinking” à votre communication, à votre service ou à votre produit juridique, vous travaillerez d’une manière plus conviviale pour le client. En plus, vous augmenterez votre efficacité (interne), après une période d’adaptation.
A l’intersection de la forme et de la fonction
Avant de vous présenter les 5 étapes du processus de conception juridique, parlons un peu de Steve Jobs. Il n’est pas le fondateur de la méthode de design thinking, comme on le croit parfois à tort. Mais il en était un grand fan.
Il a mis le doigt sur l’essentiel avec cette citation :
Most people make the mistake of thinking design is what it looks like. People think it’s this veneer — that the designers are handed this box and told, ‘Make it look good!’ That’s not what we think the design is. It’s not just what it looks like and feels like. Design is how it works. — Steve Jobs
En bref : le produit final doit être attrayant, mais il doit aussi fonctionner. Transposé en legal design : votre communication juridique doit être belle et bien conçue, elle doit donner envie de la lire et de la regarder. Mais elle doit bien sûr être juridiquement précise et claire.
Tout comme le design d’un produit réussi, le legal design réussi se situe à l’intersection de la forme et de la fonction.
Legal design d’information : la partie supérieure de l’iceberg
Le legal design commence par la compréhension d’informations juridiques complexes. La visualisation joue toujours un rôle crucial. Mais elle n’a pas besoin d’être spectaculaire : transformer un gros bloc de texte juridique en quelques paragraphes faciles à lire, avec une mise en page claire et attrayante, c’est déjà du legal design. Cela peut également aboutir à un visuel (interactif), à un livre électronique ou à un autre “produit final”, si l’utilisateur en a besoin.
La visualisation joue toujours un rôle crucial. Mais elle n’a pas besoin d’être spectaculaire : transformer un gros bloc de texte juridique en quelques paragraphes faciles à lire, avec une mise en page claire et attrayante, c’est déjà du legal design.
Dans tous les cas, c’est du legal design d’information : vous rendez des informations juridiques claires et compréhensibles.
Le legal design d’information est une partie importante du legal design, mais le legal design est bien plus.
Margaret Hagan (fondatrice du legal design) représente cela dans la pyramide suivante :
Le legal design d’information n’est donc que la pointe de la pyramide. Le legal design peut aussi s’appliquer à un produit ou à un service juridique. Ou, plus fondamentalement encore, à l’organisation ou au système juridique lui-même (les rêves sont permis).
Mais commençons par le commencement (ou mieux : par le sommet de la pyramide). Dans ce qui suit, nous partons d’un défi de legal design d’information.
Comprenez
Bien commencer, c’est déjà à moitié gagner. Une sagesse ancestrale qui s’applique aussi au legal design.
La première étape détermine l’orientation du reste du projet. Mais comment faire pour être en empathie avec l’utilisateur ?
Vous pouvez organiser des entretiens qualitatifs, mettre en place des panels de discussion et observer les utilisateurs. Très bien, mais il y a souvent des objections d’ordre pratique, généralement liées au temps et au budget. Souvent, c’est difficile de réunir suffisamment de personnes compétentes.
Demandez-vous : quels sont les besoins et les attentes de vos utilisateurs ? Quel est leur niveau de langue et d’éducation ? Quel est leur état d’esprit au moment où ils sont confrontés à vos informations juridiques ?
Voici une technique puissante et peu coûteuse que vous pouvez appliquer dès maintenant : créer des “personas”. Imaginez des personnes fictives, des prototypes de votre public-cible. Rendez-les concrets, donnez-leur un nom, un âge, une langue maternelle.
Demandez-vous : quels sont les besoins et les attentes de vos utilisateurs ? Quel est leur niveau de langue et d’éducation ? Quel est leur état d’esprit au moment où ils sont confrontés à vos informations juridiques ?
Prenez votre temps pour cela et surtout, ne le faites pas seul. Impliquez des membres de l’équipe, et si possible, des personnes qui ne sont pas directement liées au projet. L’interaction avec les autres est un moyen puissant d’entrer dans la peau de votre utilisateur.
Déterminez
Sur base de cette étape d’empathie, vous définissez le problème exact et ce que vous voulez résoudre (pas encore comment, cela viendra plus tard). Vous obtenez une vision de la conception : une description inspirante et concise de la situation souhaitée.
Pensez
Ensuite seulement, vous commencez à réfléchir à des solutions. Vous le faites grâce aux 2 étapes précédentes, avec un état d’esprit centré sur le client. Vous ne vous demandez plus : “qu’allons-nous fabriquer ? ” mais : “comment allons-nous résoudre les problèmes de nos utilisateurs finaux ?” Vous pensez “de l’intérieur vers l’extérieur” et non “de l’extérieur vers l’intérieur”.
Au début, dans cette phase, vous ne vous laissez pas encore limiter par des objections pratiques, comme le temps et les ressources. Vous vous laissez complètement aller, par exemple lors d’une séance de brainstorming.
Au début, dans cette phase, vous ne vous laissez pas encore limiter par des objections pratiques, comme le temps et les ressources. Vous vous laissez complètement aller, par exemple lors d’une séance de brainstorming.
Après le brainstorming, vous sélectionnez les idées en fonction de leur faisabilité et de leur qualité : dans quelle mesure contribuent-elles au résultat souhaité ? Comment atteindre au mieux l’objectif défini ? Avec un organigramme, un tableau, une infographie ou simplement un texte clairement rédigé ? Ou plutôt un visuel interactif, un e-book ou un microsite ?
Créez
Vous êtes maintenant prêt à passer aux choses sérieuses. Créez un prototype des idées sélectionnées, à l’aide d’un programme comme Canva, Genially, Miro, PowerPoint ou Word… ou avec un stylo et du papier. Pendant le processus de création, lisez des parties de texte à voix haute, présentez votre prototype à des collègues, à des amis, à vos enfants ou à votre (grand-)père ou (grand-)mère. Tout feedback peut vous éclairer.
Testez
Vous êtes maintenant revenu à la phase 1 : vous mettre à nouveau dans la tête de l’utilisateur final. Mais vous avez maintenant un produit testable. Il est donc probablement un peu plus facile de trouver des personnes pour tester votre produit.
Créez un plan de test. Pendant ou après le test, faites remplir un questionnaire ou un quiz pour vérifier si les pesronnes ont tout compris correctement.
De nombreux outils vous permettent de créer gratuitement des petits sondages simples (google forms, Hotjar, surveymonkey, etc.). Hotjar est intéressant si vous souhaitez tester un produit numérique.
Le legal design est un processus circulaire. Même quand votre produit ou votre projet est sur le marché, vous devez continuer à l’évaluer et à l’ajuster en permanence. Sur base du feedback “du terrain”.
Recommencer
Le legal design est un processus circulaire. Même quand votre produit ou votre projet est sur le marché, vous devez continuer à l’évaluer et à l’ajuster en permanence. Sur base du feedback “du terrain”. En effet, la société, la technologie, et bien sûr le droit lui-même évoluent. Demandez-vous régulièrement si votre projet répond toujours aux objectifs. Peut-être devez-vous ajuster votre vision du projet. Et puis, vous devrez fabriquer et tester un nouveau prototype. Vous n’êtes donc jamais au bout de vos peines. Mais ça, les professionnels du droit ont l’habitude, non ?
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