​Substitut du procureur du Roi à Liège, Alexandre veut avant tout faire la différence. Derrière la rigueur de sa fonction, c’est l’humain qui oriente chacune de ses décisions au quotidien. Alexandre incarne une justice accessible, où l’équilibre entre droit et empathie est essentiel. « Il ne faut pas réduire les gens à des stéréotypes. »

La justice dans le sang

Si Alexandre travaille aujourd’hui dans la magistrature, cela ne relève en rien du hasard, puisqu’il a littéralement grandi dans cet univers. « Ma mère est juge d’instruction et le Palais de justice était un peu ma deuxième maison. Petit, je faisais mes devoirs en salle d’audience. Je me souviens de cette ambiance particulière, des allées et venues, du sérieux qui y régnait… mais aussi de cette impression que j'assistais à quelque chose d’important. » Une immersion qui a naturellement orienté son choix de carrière.

« Je me souviens de cette ambiance particulière, des allées et venues, du sérieux qui y régnait… mais aussi de cette impression que j’assistais à quelque chose d’important. »

Après ses études de droit, Alexandre a d’abord débuté sa carrière comme avocat, un métier qu’il exercera pendant trois ans. C’est durant cette période qu’il décide de passer le concours d’accès au stage judiciaire. Une fois admis, il intègre le parquet de Liège en tant que stagiaire judiciaire, avant de poursuivre son parcours au parquet du Luxembourg. Il revient ensuite à Liège, sa région d’origine.

Une réalité loin des idées reçues

« On caricature souvent le procureur comme quelqu’un qui ne fait que demander des peines de prison. En réalité, ce n’est qu’une infime partie de notre travail. » Alexandre insiste également sur un aspect essentiel de son métier : « Le parquet se doit de répondre aux sollicitations de la police, des hôpitaux ou d’autres services, 24h/24, 7j/7. Les gardes de nuit sont particulièrement intenses. À Liège, on reçoit entre 35 et 75 appels par nuit. Chaque appel implique une décision urgente à prendre. »

« Je savais que ce ne serait pas simple. Mais j’ai choisi ce métier parce que je voulais faire une différence, à mon niveau. »

Au-delà de la gestion des urgences, le procureur dirige les enquêtes et donne des directives précises aux forces de l’ordre : auditions de témoins, analyses ADN, arrestations… « Très peu de choses se font sans le feu vert du magistrat. C’est une part fondamentale et très concrète de notre travail. Je savais que ce ne serait pas simple. Mais j’ai choisi ce métier parce que je voulais faire une différence, à mon niveau.»

Une justice à visage humain

Ce que préfère Alexandre, ce sont les contacts directs, en particulier avec les personnes privées de liberté. « Recevoir quelqu’un dans son cabinet, échanger face à face, est particulièrement efficace. » Ce dialogue permet parfois de désamorcer des tensions ou de remettre quelqu’un sur les rails. « Quand je peux m’asseoir, parler calmement avec quelqu’un, c’est souvent là que la justice commence. »

Aborder chaque dossier avec un regard nuancé est essentiel pour garantir une justice équilibrée. « Il ne faut pas se limiter aux stéréotypes. Certains viennent de milieux très difficiles, d’autres ont simplement fait de mauvais choix à un moment de leur vie. Comprendre ces personnes, c’est ce qui rend le métier plus humain et plus complet. »

Un métier collectif

Travailler au sein du parquet relève aussi du collectif. « On peut à tout moment aller frapper à la porte d’un collègue, discuter d’un point de droit, d’un dilemme sur une réponse pénale, ou tout simplement partager un doute. »

Ce soutien est particulièrement précieux dans un environnement où les décisions peuvent avoir de lourdes conséquences.

Alexandre se souvient de ses débuts, et souligne combien il est rassurant de s’appuyer sur des collègues expérimentés. Au-delà de l’aspect juridique, le collectif joue également un rôle moral : « On gère des dossiers durs, violents, parfois très marquants. Savoir qu’on peut en parler avec des personnes qui comprennent exactement ce qu’on traverse, c’est essentiel. C’est ce qui permet de tenir. »

Un milieu qui vous transforme

Alexandre veut témoigner de cette transformation intérieure « Je ne pensais pas avoir la résilience que j’ai développée ces dix dernières années. Ce métier m’a changé. Il m’a appris la rigueur, mais aussi l’écoute, la patience, et une forme d’humilité face à la complexité humaine. » Une fonction dans laquelle il se voit évoluer encore longtemps, tout en ayant conscience qu’il faut pouvoir garder un équilibre.

« Je ne pensais pas avoir la résilience que j’ai développée ces dix dernières années. »

« J’ai appris à poser une vraie limite entre le procureur au travail et la personne que je suis en dehors. » Cette frontière est cruciale pour se maintenir dans ce métier intense.

Cet équilibre, il le trouve en prenant du temps pour lui, ou auprès de sa famille et de ses amis.

Un conseil pour les futurs magistrats

Quand on lui demande ce dont il est le plus fier, Alexandre revient à cette idée de faire la différence :
« Il y a eu des dossiers sensibles où j’ai senti que j’avais bien fait les choses, que la vérité avait pu émerger. »

Pour ceux qui envisagent de suivre ses pas, Alexandre recommande la curiosité et la découverte : « Venez voir l’envers du décor, faites un stage d’observation ! »

« Si vous croyez que la justice peut être un levier pour améliorer la société, alors ce métier est fait pour vous. Il demande du courage, mais il rend fier. »

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