Il y a quelques années, alors que je vivais à Gand, cette ville a su conquérir mon cœur. Un lieu bouillonnant où créativité et esprit d'entreprise se respirent à chaque coin de rue. Il n’est donc pas surprenant que l’idée derrière Jubel y ait vu le jour, et que, peu de temps après une belle soirée dans un café gantois, je sois devenu impliqué dans les premiers balbutiements de Knowlex : une initiative legal tech qui, huit ans après sa création, a trouvé une belle place sur l’échiquier.

Ce qui m’a touché à l’époque, c’était cette combinaison d’une vision technologique et d’une foi sincère en une pratique juridique plus efficace. Non pas en automatisant le droit pour le plaisir de l’automatisation, mais en libérant du temps pour ce qui compte vraiment, en rendant le travail plus fluide et productif.

Aujourd’hui, chez Jubel, j’ai le privilège de voir des entreprises legal tech venir spontanément frapper à notre porte. Elles veulent partager ce qu’elles construisent, les obstacles qu’elles rencontrent, leurs rêves. Nous avons souvent des échanges passionnants. Pas de discours marketing, mais les récits de créateurs qui souhaitent rendre les services juridiques et commerciaux plus efficaces grâce à la technologie. Des brainstormings ouverts. Et chaque fois, il en ressort ceci : la legal tech n’est pas un effet de mode. C’est un mouvement. Et ce mouvement mérite une direction claire.

Le marché belge de la legal tech ne cesse d’évoluer.

Des initiatives comme Henchman, ClauseBase, Lawren.io, entre autres, démontrent que la technologie n’est plus réservée aux grands cabinets.

Cinq étapes simples

Et la legal tech ne doit pas forcément être une révolution. Il n’est pas nécessaire de réinventer entièrement votre cabinet pour vous y mettre. De nombreuses conversations m’ont inspiré cinq étapes simples que vous pouvez entreprendre dès aujourd’hui :

1. Commencez par une frustration, pas par un outil

Posez-vous (ou à votre équipe) la question : qu’effectuons-nous chaque semaine qui prend beaucoup de temps sans exiger de réflexion ? Pensez à : copier-coller des clauses standard, écrire les mêmes emails, rechercher sans cesse le même article de loi, suivre manuellement les échéances…

Choisissez une tâche, et seulement ensuite, cherchez l’outil adapté – et non l’inverse.

2. Testez vous-même – sans plan IT

Beaucoup d’outils proposent des démos gratuites ou des versions d’essai. Réservez une heure pour tester par vous-même. Pas besoin de mode d’emploi. Si après 15 minutes vous ne percevez toujours pas la valeur ajoutée, ce n’est pas l’outil qu’il vous faut (ou son interface n’est pas au point).

3. Nommez un ‘ambassadeur’

Confiez l’expérimentation à un(e) collègue et encouragez-le/la à partager son expérience. Ne le traitez pas comme un projet, mais comme un moment d’apprentissage. Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Où cela a-t-il coincé ? L’utiliseriez-vous à nouveau ?

4. Pensez évolutif : commencez manuellement, améliorez progressivement

Par exemple : travaillez-vous avec des contrats standards ? Créez d’abord un ‘modèle intelligent’ dans Word. Ensuite, explorez si des outils comme ClauseBase, LegalFly ou Contractify peuvent rendre ce processus plus efficace et plus fiable.

5. Fixez des attentes réalistes, mais évaluez rigoureusement

Un outil qui automatise 80 % d’une tâche représente souvent déjà un énorme gain de temps. Mais restez critique : est-ce sûr ? Transparent ? Y a-t-il un support ? Est-ce réellement utile ou crée-t-il des couches de contrôle supplémentaires ?

Legal Tech est une affaire humaine

La legal tech n’est pas une menace, mais un allié. Les meilleurs exemples sont ceux où la technologie libère l’humain pour qu’il puisse se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : penser clairement, conseiller, ressentir, faire preuve d’empathie, établir la confiance, etc.

Et si je repense à Gand, où je vivais lorsque Knowlex en était à ses débuts, je perçois toujours ce même potentiel : une technologie née d’un émerveillement, d’une question, d’une pratique, d’un "comment pourrais-je faire autrement ?". Pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de faire mieux.

Accueillons cela. Avec curiosité. Et avec un regard critique.

Vous souhaitez savoir ce qui existe ? Commencez ici :

• ensun.io : aperçu de plus de 60 entreprises legal tech belges, avec filtres par type, localisation et spécialisation.
• LegalTech Belgium Map : carte visuelle des acteurs belges.
• DroitBelge.be : aperçu francophone avec des exemples utiles.

Sophie De Cannière

Lisez les articles des autres membres de l’equipe de Jubel ici.