Le cash-flow comme élément vital de l’entreprise : comment les experts-comptables aident leurs clients à respirer cover

24 Dec 2025 | Corporate & Accountancy

Le cash-flow comme élément vital de l’entreprise : comment les experts-comptables aident leurs clients à respirer

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Une entreprise peut dégager des bénéfices et pourtant suffoquer. Le cash-flow n’est pas une simple donnée comptable : c’est l’oxygène qui conditionne la survie de l’entreprise. Les experts-comptables peuvent y voir à la fois une responsabilité et une mission : aller au-delà de la mesure et accompagner.

Le bénéfice, c’est du papier ; le cash, c’est la réalité

Un entrepreneur peut fièrement annoncer un bénéfice de 100 000 €, mais sans trésorerie, il ne peut pas payer la TVA, les salaires ou les fournisseurs. Le bénéfice est un concept, la trésorerie est un fait. C’est la différence entre survivre et sombrer.

Beaucoup d’entreprises belges sous-estiment cette distinction. Elles se concentrent sur le résultat, et oublient que leur liquidité se tarit peu à peu. Les experts-comptables peuvent réellement changer la donne : ils perçoivent les premiers signes d’essoufflement. Leur rôle ne se limite pas à enregistrer des données : il est également préventif et consultatif.

Une simple conversation suffit souvent à amorcer le changement. Ne dites pas : « Vous avez réalisé un bénéfice », mais : « Vous avez encore six semaines d’oxygène, au rythme actuel de votre trésorerie. » Passer d’une logique de chiffres à une logique de temps, c’est passer de l’explication a posteriori à la prévention.

Trois flux, une respiration

Le cash-flow provient de trois sources qui forment ensemble la respiration financière :

    1. Cash-flow opérationnel. Les flux de trésorerie liés à l’activité quotidienne : ventes, fournisseurs, salaires, impôts. Il indique si le cœur de l’entreprise bat sainement.
    2. Cash-flow d’investissement. Les dépenses et recettes liées aux immobilisations : machines, bâtiments, acquisitions. Un flux d’investissement négatif peut être une bonne nouvelle : l’entreprise construit son avenir.
    3. Cash-flow de financement. Emprunts, capital, dividendes et remboursements. Il indique comment l’entreprise finance sa croissance et gère sa dette.

Pris ensemble, ces flux racontent l’histoire qui se cache derrière les chiffres. Une entreprise qui a un cash-flow opérationnel positif, mais un cash-flow d’investissement négatif se développe sainement. Une société avec un cash-flow opérationnel négatif et un cash-flow de financement positif vit à crédit. Pour l’expert-comptable, c’est le point de départ qui lui permet d’amener ses clients à penser en termes de flux et non de chiffres figés.

Pourquoi le bénéfice ne suffit-il pas ?

Les statistiques de faillites montrent que la majorité des entreprises belges qui cessent leurs activités n’étaient pas déficitaires : elles manquaient simplement de liquidités. Trop de stock, des clients trop lents à payer, trop d’acomptes : autant de fuites invisibles qui vident la caisse.

Le cash-flow est le tout premier baromètre de la continuité. Il révèle si l’entreprise est en mesure d’assumer ses obligations et financer ses investissements sans s’étouffer. Dès que le flux de trésorerie se bloque, une réaction en chaîne s’enclenche : fournisseurs méfiants, banques prudentes, employés inquiets.

C’est pourquoi l’analyse des flux de trésorerie n’est pas une formalité, mais une forme de gestion des risques.

Fonds de roulement : les fuites silencieuses

La plupart des problèmes de trésorerie trouvent leur origine dans le fonds de roulement : les moyens immobilisés chez les clients, dans les stocks ou auprès des fournisseurs. Il ne s’agit pas d’erreurs spectaculaires, mais des fuites lentes qui affaiblissent l’entreprise.

La clé réside dans trois ratios :

    1. DSO (Days Sales Outstanding) : le nombre moyen de jours nécessaire aux clients pour payer
    2. DIO (Days Inventory Outstanding) : le nombre moyen de jours qu’un stock reste immobilisé
    3. DPO (Days Payables Outstanding) : le nombre moyen de jours avant que l’entreprise ne paie ses fournisseurs.

Ensemble, ils forment le cycle de conversion de trésorerie (Cash Conversion Cycle) : le temps entre la sortie et le retour de l’argent. Plus ce cycle est court, mieux c’est. Un expert-comptable peut lui donner une dimension concrète. Si une entreprise fait payer ses clients dix jours plus tôt, cela représente, pour un chiffre d’affaires annuel d’un million d’euros, environ 27 000 € de trésorerie supplémentaire disponible.

Cas pratique : l’entrepreneur étouffé par son succès

Une entreprise de construction en Flandre-Orientale affichait un carnet de commandes bien rempli et de beaux bénéfices, mais a soudain rencontré des difficultés pour payer ses salaires. La cause : les clients payaient après la réception des travaux, tandis que les matériaux et sous-traitants devaient être payés à l’avance.

L’expert-comptable a établi un modèle de cash-flow par chantier, reprenant le rythme prévu des dépenses et des recettes. Une facture d’acompte de 30 % a été instaurée, et les fournisseurs ont accepté un paiement à soixante jours.

En six mois, la position de trésorerie s’est stabilisée.

Planification des flux de trésorerie : du réflexe à la routine

Le plan de trésorerie n’a rien de complexe. Un simple tableau reprenant le solde initial, les encaissements et décaissements prévus par mois suffit pour éveiller la conscience financière.

La clé, c’est la discipline. Une révision mensuelle du plan fait apparaître les tendances : pics de TVA, variations saisonnières, clients lents à payer. L’expert-comptable peut en faire un point fixe à l’ordre du jour : un bref « point trésorerie » à chaque rapport trimestriel. Après quelques mois, la conversation glisse naturellement de « Pourquoi cela s’est-il produit ? » vers « Que faisons-nous le mois prochain ? ». C’est le passage de la comptabilité à l’accompagnement.

Scénarios, réserves et tests de résistance

Aucune planification n’est parfaite. C’est pourquoi les experts-comptables expérimentés travaillent avec trois scénarios :

    1. Optimiste : paiements rapides, coûts stables
    2. Réaliste : tout se déroule comme prévu
    3. Prudent : retards et dépenses imprévues.

Les comparer permet de mesurer la vulnérabilité. Une entreprise qui, dans le scénario prudent, épuise sa trésorerie en soixante jours sait ce qu’elle doit faire : accélérer les encaissements, négocier une ligne de crédit ou reporter un investissement. Il est aussi judicieux de constituer une réserve de trésorerie équivalente à un mois de frais fixes. Les entreprises qui le font traversent les crises avec davantage de sérénité.

Certains experts-comptables ajoutent aujourd’hui des « stress tests » : que se passe-t-il si le chiffre d’affaires baisse de 10 %, ou si un client ne paie pas ? Ces simulations rendent la résilience tangible.

Cas pratique : la PME en voie de numérisation

Une imprimerie liégeoise a décidé d’investir dans des imprimantes numériques. L’investissement de 250 000 € devait réduire les coûts à terme, mais le remboursement du prêt pesait sur la trésorerie. L’expert-comptable a proposé une formule de leasing plutôt qu’un crédit classique, afin d’étaler les paiements sur la durée de vie des machines.
De plus, la facturation a été accélérée : les factures partaient désormais le jour même de la livraison et non plus une fois par semaine. Après six mois, l’entreprise utilisait 40 % de moins de crédit de caisse, malgré les nouveaux équipements.

La dimension humaine de la liquidité

Les discussions sur la trésorerie ne sont jamais neutres. Pour les entrepreneurs, argent rime avec sécurité. Un compte vide évoque l’échec, même si ce n’est que temporaire. Un expert-comptable qui comprend cela apaise les esprits. Il traduit les chiffres non pas en panique, mais en perspective : « Vous n’avez pas de problème structurel, seulement un problème de timing. » En alliant empathie et actions concrètes, il construit la confiance.

Et c’est dans cette confiance que réside la base d’une relation de conseil durable.

Le financement comme instrument, pas comme réflexe

Quand la trésorerie se tend, le réflexe est souvent d’emprunter. Mais un financement n’est efficace que s’il correspond à la nature des dépenses. L’expert-comptable peut aider son client à faire le bon choix :

    1. Crédit de caisse : pour les variations saisonnières
    2. Leasing : pour les investissements en machines ou véhicules
    3. Factoring : pour libérer rapidement de la trésorerie sur les factures ouvertes
    4. Crédit à long terme : pour la croissance structurelle.

En adaptant le financement au rythme de la trésorerie, l’entreprise reste résiliente. L’expert-comptable devient un pont entre l’entrepreneur et le banquier — un partenaire de confiance pour les deux.

Cas pratique : la start-up en phase de croissance difficile

Une start-up technologique bruxelloise a décroché un gros client, pour un chiffre d’affaires de 400 000 €. Mais le délai de paiement était de 90 jours, alors que l’entreprise devait rémunérer les développeurs chaque mois.

L’expert-comptable a calculé que l’entreprise devait préfinancer 180 000 € pendant trois mois. Avec la banque, une ligne de crédit temporaire de 200 000 € a été négociée, adossée aux factures de ce client.

En parallèle, le modèle commercial a été revu : les nouveaux contrats prévoyaient un acompte de 30 %. La start-up a poursuivi sa croissance sans aucune tension de trésorerie.

Fiscalité et pression de trésorerie

En Belgique, la liquidité est souvent influencée par les obligations fiscales. La TVA en est l’exemple le plus connu : les entreprises doivent souvent la verser avant d’avoir été payées. Pour les PME aux délais de paiement longs, le régime de TVA sur encaissements peut être une véritable bouée de sauvetage.

La planification de l’impôt des sociétés mérite aussi de l’attention. Un expert-comptable qui intègre ces moments dans la planification de la trésorerie évite le stress et prévient la recherche de financement en urgence. La fiscalité n’est donc pas un chapitre séparé, mais une composante structurelle de la stratégie de trésorerie.

La technologie au service du conseil

La numérisation rend la gestion de trésorerie plus simple que jamais. Des logiciels comme Silverfin, Exact Online, Yuki ou Odoo proposent des tableaux de bord en temps réel. Ils relient comptabilité, banque et reporting, ce qui permet à l’expert-comptable de détecter rapidement les tendances. Certains outils prédisent même les manques de trésorerie à venir sur base du comportement de paiement historique. Mais la technologie ne remplace pas l’expert-comptable : elle le renforce.

Une alerte à l’écran n’a de valeur que si l’expert-comptable explique pourquoi elle apparaît et comment y remédier. L’avenir est au conseil hybride : les chiffres issus du logiciel, l’interprétation par l’humain.

Comportement, habitude et culture

Le principal défi en matière de gestion de trésorerie reste souvent le comportement humain. Les entrepreneurs retardent la facturation, gardent trop de stock « au cas où » ou paient leurs fournisseurs trop vite « par politesse ».

L’expert-comptable peut aider à changer ces habitudes :

    1. Établir les factures immédiatement
    2. Automatiser les rappels
    3. Utiliser les délais de paiement à bon escient.

De petits ajustements comportementaux font une grande différence. Un client qui facture deux semaines plus vite améliore sa trésorerie structurellement sans vendre davantage. Quand le cash-flow s’intègre dans la culture d’entreprise, la résilience se développe naturellement.

L’expert-comptable comme mentor financier

L’expert-comptable moderne n’est plus un simple spécialiste des chiffres, mais un mentor financier. Il aide ses clients non seulement à comprendre leurs chiffres, mais aussi à orienter leur comportement. Grâce à des échanges réguliers sur les flux de trésorerie, les scénarios et les réserves, il devient un partenaire de confiance plutôt qu’un fournisseur de données chiffrées.
Certains cabinets proposent aujourd’hui des « abonnements cash-flow » : suivi mensuel, reporting et conseil. Les clients les trouvent rassurants : quelqu’un veille, non pas après coup, mais tout au long du chemin. Ce modèle incarne l’évolution du métier : du contrôle au conseil continu.

Vers un entrepreneuriat durable

Le cash-flow semble être un instrument à court terme, mais il conditionne le succès à long terme. Une entreprise dont les flux de trésorerie sont stables peut investir dans l’innovation, la durabilité et le personnel. Celle qui vit en permanence sur le fil n’ose pas le faire.

C’est pourquoi la trésorerie fait partie de l’entrepreneuriat durable : elle constitue la base financière de toute stratégie ESG. Sans oxygène, pas d’avenir.

L’avenir de la profession

Dans les années à venir, le rôle des experts-comptables continuera d’évoluer vers celui de conseiller stratégique. L’automatisation prendra en charge les tâches administratives, mais l’interprétation et l’accompagnement resteront humains. Le conseil en matière de cash-flow s’inscrit parfaitement dans ce nouveau profil : il allie la maîtrise des chiffres, la compréhension des personnes et la vision des modèles économiques.

Les experts-comptables qui acceptent ce rôle renforcent non seulement leurs clients, mais aussi la pertinence de leur propre métier.

Dans le monde numérique d’aujourd’hui, ce n’est pas le cabinet le plus rapide qui gagne, mais celui qui apporte de la sérénité dans un océan de données. Le cash-flow est le point d’ancrage idéal.

Conclusion : le souffle de l’entreprise

Le cash-flow n’est pas qu’un chiffre, mais c’est un véritable un flux de vie. Il détermine la capacité d’une entreprise à continuer à respirer, grandir et investir. L’expert-comptable est le gardien de ce souffle — le guide qui traduit les chiffres en oxygène.

En plaçant le cash-flow au cœur de leurs conseils, les experts-comptables aident leurs clients non seulement à survivre, mais aussi à trouver l’équilibre dans leur rythme financier.
Le compte de résultats raconte le passé ; le flux de trésorerie révèle l’avenir. Et c’est précisément là, entre réalité et perspectives, que réside la véritable valeur ajoutée de la profession.

Dimitri Thijskens

​Lisez ce text dans l’ITAAzine.

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