Ce n’est plus un secret : dès le 1er janvier 2026, la facturation électronique sera obligatoire pour toutes les transactions entre assujettis à la TVA. L’échéance approche donc à grands pas.
Actuellement, un peu plus de 250 000 entreprises belges disposent d’un identifiant Peppol, leur permettant d’envoyer et de recevoir des factures électroniques. Pourtant, la Belgique compte plus de 1,2 million de numéros de TVA — la marge de progression reste donc considérable.
Mais le 1ᵉʳ janvier 2026 ne représente pas une ligne d’arrivée. Il marque au contraire le départ d’une série de tendances en matière de facturation électronique. Nous vous présentons ici cinq grandes tendances à surveiller.
1. De la facturation électronique au e-reporting
La facturation électronique n’est qu’une première étape. Si l’accent est actuellement mis sur l’échange numérique de factures entre entreprises, les autorités préparent déjà l’étape suivante : le e-reporting. Dans ce système, les données de facturation sont transmises directement – et quasi en temps réel – à l’administration fiscale. Cela permet aux autorités de renforcer l’efficacité des contrôles TVA, de détecter plus rapidement les fraudes et de réduire les charges administratives.
Pour les entreprises, cela signifie une évolution : il ne s’agit plus seulement d’échanger des factures électroniquement, mais aussi de satisfaire à de nouvelles obligations de déclaration. Le e-reporting deviendra ainsi un élément clé de l’infrastructure fiscale et administrative de demain, fondée sur la transparence, l’automatisation et la conformité. Selon l’accord de gouvernement actuel, le e-reporting deviendra obligatoire d’ici 2028 pour toutes les transactions entre assujettis à la TVA ainsi que pour les transactions soumises à un Système de Caisse Enregistrée (SCE) – la « caisse blanche » dans l’horeca.
2. Les avis de status (Invoice Message Response ou IMR)
Aujourd’hui, la facturation fonctionne souvent à sens unique : un fournisseur envoie une facture et espère en recevoir le paiement à temps. L’arrivée de la fonctionnalité « Invoice Message Response » change fondamentalement cette dynamique. Intégré au réseau Peppol, ce système permet au destinataire d’une e-facture d’envoyer une réponse structurée. Cela peut aller d’un accusé de réception à une approbation pour paiement ou à une notification de litige avec motif.
Cela instaure un dialogue numérique transparent entre l’émetteur et le destinataire, réduisant considérablement les erreurs, malentendus et retards. Ainsi, la facturation électronique dépasse le cadre purement comptable pour devenir un véritable outil de communication au sein de la chaîne logistique digitale.
3. Extension à d’autres types de documents (e-ordering, e-delivery)
La digitalisation dans le monde des affaires ne se limite plus seulement aux factures. Grâce à des standards comme Peppol, d’autres documents sont également échangés de manière électronique : bons de commande (e-ordering), bons de livraison (e-delivery), contrats ou encore offres. Tous ces documents peuvent être transmis via le même réseau sécurisé et standardisé.
Cette évolution permet de digitaliser l’ensemble du processus « procure-to-pay » – de la commande au paiement – de manière fluide et intégrée. Le fournisseur reçoit automatiquement une commande numérique, envoie la livraison accompagnée d’un bon électronique et établit ensuite la facture, sans paperasse. Le client, de son côté, peut approuver et traiter les paiements plus rapidement et efficacement, avec moins d’erreurs et de tâches manuelles.
Résultat : une collaboration plus fluide entre partenaires commerciaux, des délais réduits, une meilleure qualité des données, et des gains de temps et de coûts substantiels. Cette standardisation apporte également plus de transparence et de contrôle sur toute la chaîne, avec des bénéfices à la fois opérationnels et stratégiques.
4. Facturation électronique internationale
À partir de juin 2030, la directive ViDA (VAT in the Digital Age) entrera en vigueur. Cette directive européenne vise à réduire l’écart de TVA, c’est-à-dire la différence entre la TVA théoriquement due et celle effectivement perçue.
Avec la montée en puissance de la facturation électronique à l’échelle mondiale, le besoin de normes internationales se fait sentir. L’Europe mise fortement sur la norme EN 16931 (la norme européenne de facturation électronique), qui est de plus en plus adoptée en dehors de l’Europe. Toutefois, chaque pays conserve encore son propre système : la France avec le PDP, la Pologne avec le KSeF, et l’Italie avec le SdI.
5. IA et comptabilité prédictive
L’IA sera utilisée pour classer automatiquement les e-factures entrantes, les rapprocher des bons de commande ou de livraison, et les lettrer avec les paiements. Combinée à des modèles prédictifs, elle permettra aux entreprises de gérer proactivement leurs dépenses, leur trésorerie et leurs relations fournisseurs.
Avec l’émergence des « smart contracts » (par exemple via la technologie blockchain), les processus de facturation et de paiement pourront être entièrement automatisés. Dès que les conditions contractuelles sont remplies – comme la livraison de marchandises – une e-facture est générée et peut même être payée automatiquement. Cela réduit les retards et les litiges.
Christophe Vanhoutte – ITAA
0 commentaires